dimanche 27 février 2011

Dictatures et despotismes

La très récente auto immolation du Tunisien Mohamed Bouazizi a entraîné les conséquences que l'on sait, en Tunisie tout d'abord puis en Égypte et en Libye à présent. 

A ce titre, cet acte désespéré constitue un événement sans précédent dans l'Histoire contemporaine mais également, par contraste, souligne combien les situations spécifiques des pays actuellement concernés diffèrent radicalement de ce que sont de véritables dictatures.

Il y a eu d'autres cas d'auto immolations dans les 50 dernières années qui  n'ont jamais abouti à renverser quel que système politique que ce soit ou même à influencer le cours de l'Histoire.

De Jan Palach à Ryszard Siwiec, de Jan Zajic aux autres inconnus qui peut-être ont recouru à cette forme ultime de protestation, aucun n'a pu ne serait-ce qu'ébranler les systèmes politiques contre lesquels ils manifestaient car ils vivaient sous des régimes dictatoriaux où les individus n'ont aucune importance et sont à la disposition du système.

Aucune révolte personnelle ou collective n'aurait pu venir à bout de l'hitlérisme (Sophie Scholl) ou du stalinisme, du maoïsme ou de l'apartheid sud africain par exemple (Soweto).

Ce qui se passe en Tunisie, en Égypte et bientôt en Libye ou même dans d'autres pays arabes, pour  spectaculaire et symbolique qu'en soit la portée, montre bien que ce ne sont pas des dictatures au sens fort du terme qui sont en place mais plutôt des despotismes relativement fragiles.

On comprend que Mohamed Bouazizi soit considéré comme un héros national en Tunisie mais Ben Ali était plus un chef mafieux qu'un dictateur et Moubarack un dirigeant resté trop longtemps au pouvoir -sans pour autant minimiser la nature d'États policiers qu'étaient la Tunisie et l'Égypte bien entendu.

Il faut distinguer les dictatures qui sont des systèmes autonomisés des despotismes qui ne tiennent qu'à l'existence d'un individu dont la chute entraîne celle de son régime.

A ce titre, la Biélorussie de Loukachenko est un despotisme qu'une révolte populaire peut renverser quand la Corée du nord  de Kim Jong Il est une dictature dont on ne voit pas d'autre issue qu'un effondrement de l'intérieur ou une intervention extérieure, chinoise en la circonstance.

vendredi 25 février 2011

Tâlas



La musique, langage universel dit-on et pourtant, combien de gens sont imperméables à quelle que forme que ce soit d'expression musicale? Cela ne les touche pas ni ne les affecte. Ces gens sont indifférents semble-t-il aux émotions les plus intenses que peut procurer la musique, de la simple chanson populaire aux œuvres les plus élaborées du répertoire classique ou du jazz.

Ce qui ne laisse pas de m'étonner ce sont les gens d'une intelligence supérieure et d'une culture incomparable (André Malraux par exemple mais il en est des millions comme lui) qui sont comme dépourvus d'un sens spécifique, l'ouïe, alors même qu'ils savent reconnaître le beau lorsqu'il s'exprime dans la matière ou le mouvement, la sculpture ou la chorégraphie, la peinture et les arts plastiques en général.

Mais l'harmonie, la mélodie, le rythme paraissent leur être radicalement étrangers. Certes ils ont entendu -car on ne peut y échapper- tel morceau symphonique ou telle mélodie mais ils sont cependant tout à fait incapables d'identifier et moins encore de "situer" ce qu'ils viennent d'entendre.

Ainsi je me souviens être entré dans une librairie d'art il y a 25 ans où la radio jouait la sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy que je reconnus instantanément ce qui "épata" le vendeur qui était précisément de ces gens pour qui la musique paraît être une masse de sons indistincts dont il est impossible pour eux de saisir ou de discerner quoi que ce soit.

La même personne en revanche qui parlera savamment de telle toile de Tamara de Lempicka, de Mondrian ou de Basquiat reste saisie d'incompréhension à l'écoute d'une sonate pour violon de Bach ou d'une sonatine de Luigi Dallapiccola. Tout cela semble être du pareil au même pour elle.

Ne parlons même pas alors des musiques extra européennes qui leur sont au-delà de l'accessible et qui semblent être des manifestations sonores de peuplades primitives voire barbares.

Si l'on considère que la musique est la respiration du temps, le fameux Om̐ des religions de l'Inde, peut-être ces gens sont-ils trop proches du réel le plus immédiat pour être capable de s'abstraire de leurs personnes et de leur environnement quotidien afin accéder à ce niveau d'immatérialité et de désintéressement que réclame la plus sublime expression de notre humanité.

La musique est immédiatement disponible, elle correspond à un certain type de sensibilité qui n'a pas besoin d'éducation et encore moins d'explication. On y est spontanément sensible ou on ne le sera jamais. Tout  discours sur la musique est à mon sens antithétique avec l'essence même de son objet qui est d'ordre immatériel. Écrire sur la musique c'est comme tuer le sentiment du beau qu'elle exprime en voulant la réduire à ce que précisément elle n'est pas : l'analyse conceptuelle de la fluidité du souffle vital.

La musicologie peut être intéressante à titre de savoir mais en aucun cas, jamais, elle ne permet en quoi que ce soit d'affiner une sensibilité musicale. Elle ne peut qu'exposer des concepts sur ce qui par nature est  au-delà des concepts.

A part les musiciens qui ont besoin d'apprendre et d'étudier les maîtres, quel sens cela peut-il avoir de savoir comment est construite une cantate de Bach, une improvisation de Miles Davis ou que les ragas indiens sont  rythmiquement structurés selon des tâlas carnatiques ou hindoustanis?

Les gens qui sont réfractaires à la musique sont ceux qui veulent comprendre là où il n'y a rien à comprendre et mettre des mots là où ils ne signifient rien. Ils sont prisonniers de leur pesanteur quand la musique les libèrerait.

mercredi 23 février 2011

Close your eyes


What a fine piece of music eh? Too bad there was just a picture of Bud Powell to look at while listening. Wouldn't have a video add some more pleasure to it? Wouldn't we have better enjoyed Bud Powell's Some soul had we have the possibility to see him and his musicians perform?

Please, take the time to listen to the Lyric Suite by Alban Berg on the right sidebar. You may not like it but just in case you do, do you miss not to see the four musicians playing? And we don't even have a picture of them or one of  the composer! How much would such images help us in better enjoying this piece for string quartet?

Let's have another try with this excerpt of Ariadne auf Naxos by Richard Strauss.


Don't know about you but if I ever had a chance to get into that opera it's been definitively ruined by the sight of this plump woman surrounded by these young men in swimsuits.

My point is that music doesn't need images to be enhanced and the very notion of opera as the perfect form of an all encompassing art is totally foreign to me. I can hear operas on the radio or on DVD's but going to the theatre and see people dressed in fancy costumes and walking back and forth on the stage is a sure bet to spoil my day.  

Do I really need to watch these three people distorting their mouth in order to sing the Suave sia il vento part of Cosi fan tutte?


I know how rigorist my position is but hey, that's my position! Sounds are sounds, images are images and when the two are forced to cohabit, one of them takes the upper hand and the sight wins hands down  against the sound because it's our most vital sense and we cannot help seeing, watching, looking at everything that comes under our eyes. Just like children want to touch, we want to watch

How beautiful are the costumes and the setting! How interesting the mise en scène is! How I like the way this singer acts and embodies her role etc... And I can allow myself to look around in the concert hall and observe the audience and that strange looking man over there... Ooops... I've lost contact with the music. Well, never mind, we're in the opera house...

Well, I'm sorry but no. Each note has been carefully chosen by the composer and belongs to a sequence of sounds not to be thoughtlessly put aside for a moment of futile distraction.


The Aria of the Goldberg variations is sublime and any image would be a sacrilege against this music. Just in our world, someone has to exist in order to perform this divine piece.

Just close your eyes and listen to the music. Not only are images unnecessary, they're a disturbance and a desecration of music.

(Though I have to admit that being physically present where the music is being played allows for a perfect rendition of the sound. Like is the case with religious music for example)

dimanche 20 février 2011

Male chauvinist pigs

 
Les Belges n'ont plus de gouvernement  depuis 9 mois bientôt et s'en désolent.

Certains manifestent même pour un retour des profiteurs, magouilleurs, corrompus en tous genres... Une sénatrice flamande a suggéré que les femmes belges fassent la grève du sexe jusqu'à ce que les politiques soient parvenus à former un Gouvernement.

Comme c'est bien trouvé! Comme c'est intelligent! Il est bien connu que les hommes ne sont motivés que par leurs pulsions dont ils sont esclaves. Que les femmes ont donc le pouvoir sur eux et que ce sont elles qui mènent le monde avec leurs organes reproducteurs.

Comme quoi la finalité des femmes c'est d'être des dispensatrices de sexe et les hommes sont de gros bœufs aveuglés par leur animalité. C'est une vision des hommes et des femmes bien singulière qui s'exprime ce faisant. En gros : tous des porcs! Si certaines femmes pensent de cette façon il ne faut pas s'étonner que certains hommes pensent des femmes que ce sont toutes des s... 

Autrement dit, Cosi fan tutte!


samedi 19 février 2011

Shake your head



Notre imagination nous rend capables de nous poser des questions qui n'ont pas de sens et à la validité desquelles nous croyons cependant.

Celle-ci en particulier : Pourquoi suis-je né à mon époque et non à une autre? dont je m'imagine qu'elle avait plus de charmes, que la vie y était plus plaisante etc.

Ainsi, pourquoi ne suis-je pas né au XVIIIè siècle ou dans la Chine des trois royaumes? Au Moyen-Âge ou il y a 5.500 ans parmi les Babyloniens?

On se pose la question dans un passé pas trop reculé, celui-là même pour lequel nous disposons de repères propres à notre culture. Mais plus on remonte le temps moins cela semble avoir de sens. Autant se demander pourquoi je ne suis pas né il y a 1.158.467 ans voire au mésozoïque...

Cela revient à imaginer voyager à travers le temps. Or le temps n'est pas l'espace tout simplement. Spermatozoïdes et ovules ne connaissent pas le temps. Le monde se créé avec notre arrivée, nous sommes porteurs de notre temps.

Les images du passé que nous nous représentons n'existent que dans notre tête. Le temps est en nous, c'est une des formes a priori de notre sensibilité, forme qui n'a pas de réalité qui nous soit extérieure.

Cette dérive de l'imagination est ancienne et liée à un certain niveau de développement culturel. On imagine les Grecs et les Romains, les Chinois ou les Égyptiens regretter un temps mythique, un âge d'or où fleurissaient toutes les vertus. On imagine moins l'imaginaire des hommes des cavernes parcouru de telles visions...

D'un point de vue analytique c'est la nostalgie de "l'avant" c'est à dire du ventre maternel qui s'exprime. C'est même le regret d'être né et de devoir vivre qui nous fait nous reporter dans un Éden fantasmé, ce lieu du sentiment océanique où nous ne faisions qu'un avec l'univers.  D'un point de vue psychologique c'est aussi une façon de mettre le réel de côté, de se retirer un instant de sa vie et donc presque de se nier.
 
Le développement de nos facultés cognitives et donc de notre imagination a fait émerger ce type d'interrogations qui, à leur tour, ont généré des représentations mentales qui sont devenues projections picturales, phénomène dont la dynamique s'est trouvée renforcée par le développement des possibilités de reconstitution de la poésie et du théâtre d'abord puis de la peinture et enfin du cinématographe. 

Comment à présent résister à la facilité avec laquelle des tableautins se présentent à nous avec de petits personnages jouant leurs petites scènes en notre présence dirait-on? Nous sommes spectateurs de notre propre petit théâtre intérieur mais ce n'est qu'un théâtre imaginaire.
 
La cour de Louis XIV, la ruée vers l'or en Californie, les Égyptiens des pyramides ou les paysans Incas n'existent plus que dans nos têtes, dans les représentations mentales collectives que nous offre notre théâtre intérieur.

 "Pourquoi ne suis-je pas né avant ?" revient à se demander "Pourquoi suis-je moi et pas un autre ?" C'est vouloir habiter un pays qui n'existe pas. C'est comme désirer voyager dans son imagination, dans son rêve.

Shake your head and dispel the images : Seul le présent continu est, celui que nous vivons. L'époque à laquelle nous aurions souhaité vivre n'existe que dans notre imagination.


(Jérôme Bosch, le Jardin des délices)

vendredi 18 février 2011

Fiction

Il est une fiction qui n’a rien de juridique encore qu’elle ne soit utilisée que dans un contexte judiciaire, c’est celui du condamné qui aurait payé sa dette à la société.

C’est une expression populaire, sans aucune valeur « officielle » de quelque sorte que ce soit si ce n’est qu’on ferait facilement remonter son origine à partir de ceux auxquels elle permet de se racheter une virginité morale imaginaire.
 
Rapporter des délits et des crimes au niveau de dettes, c’est établir une relation d’ordre essentiellement économique entre soi et le corps social, toute évaluation de portée morale semblant être non seulement superflue mais bien hors de propos.

C’est là que le bât blesse car on peut contester qu’il soit possible de ne considérer l’engagement d’un individu vis-à-vis de la société que comme une modalité économique sans dimension morale. C’est bien tout le contraire à mon sens.

Et le milieu qui est à l’origine de cette expression le sait parfaitement bien justement qui a eu tout intérêt a faire naître et fructifier pareille fantaisie sémantique calquée sur le concept religieux (Chrétien chez nous) du pardon des offenses et de la rédemption. Ben voyons…

On remarquera l’étymologie du mot « rédemption » (redimere = racheter). Vu l’historicité des concepts, on a une idée de l’importance de la dimension économique dans l’appréciation de la conduite des hommes il y a 25 siècles. 

Je conteste qu’on puisse établir un parallèle entre certains crimes et des dettes qui seraient extinguibles à terme. Il est des dettes irrémissibles parce que précisément ce ne sont pas des dettes. 

Il est des crimes dont l’abomination est telle qu’ils ne peuvent être que le fait de démons. Ceux qui s’en sont rendus responsables se sont exclus d’eux-mêmes de la communauté des hommes, sans retour possible. L’inhumanité de certaines horreurs dont on perçoit parfois les échos est à ce point insoutenable qu’il n’est pas possible d’accepter que ceux qui s’en sont rendus coupables puissent un jour réintégrer la communauté comme si de rien n’était, parce qu’ils auraient prétendument payé leur dette à la société.

C’est véritablement être en proie au Malin que d’avoir encore la faiblesse de croire que tout individu est récupérable, qu’il y a une parcelle du Divin en lui.

Quand on est jeune, on a souvent, je crois, le sentiment que les peines prononcées sont très lourdes. Que tel ou tel assassin se voit enfermé 20, 25 ou 30 ans pour un meurtre peut faire croire à la trop grande sévérité du système. Peut-être précisément parce qu’on est jeune et qu’on a -croit-on- toute la vie devant soi, le rapport au temps certainement n’est pas le même. Et puis n’est-ce pas aussi faire preuve d’une certaine inhumanité, à tout le moins d’un certain manque d’humanité, que de penser d’abord à celui qui à présent paraît être la victime alors que la première et vraie victime elle, est morte, dans parfois d’affreuses circonstances? Sans parler même de ses proches?

Sur ce point aussi j’ai évolué (pourquoi aurait-on définitivement raison à 25 ans?) et je ne supporte plus l’idée que d’infinis salopards puissent se retrouver à la terrasse d’un café avec des copains en train de descendre quelques petites bières en se remémorant le bon vieux temps jadis (il y a 15, 20 ans) où l’un d’entre eux avait violé puis égorgé une gamine ou torturé un enfant etc. Lire certains comptes-rendus de Cours d’Assises donne la nausée… Il avait 23 ans, il en a 45 et la vie continue tranquille…

C’est une insulte quotidienne à la mémoire des disparus, de leurs proches, des témoins que nous sommes tous, de la société dans son ensemble.

Influence catholique inexistante dans le monde anglo-saxon qui permet l’enfermement à vie d’individus chez lesquels il serait vain et même pervers de rechercher encore quelque trace de l’empreinte divine. Peut-être y en a-t-il eu une, elle a disparu, Satan s’en est emparée. Qu’il la garde!
Les croyants acceptent et soutiennent le principe du libre arbitre (je n’en crois pas un mot). Hé bien, puisque le pseudo libre arbitre a amené certains à s’affranchir de leur liens avec les autres hommes, qu’ils en assument les conséquences à présent.

("Figure with meat" de Francis Bacon)

mercredi 16 février 2011

Morphologie

Par l'entremise de nos sens, c'est le cerveau qui en développant la raison, nous a permis de devenir miroir de nous-mêmes et du monde qui vient s'y réfléchir. La plupart des animaux pourtant, et pas seulement les mammifères, sont dotés des mêmes organes que nous et notamment d'un cerveau, souvent de même taille voire plus imposant que le nôtre.

Pourquoi la raison est-elle apparue et s'est-elle développée à ce point chez l'homme uniquement est une question qui en amène une autre : Aurait-il pu en être autrement et la raison aurait-elle pu émerger chez d'autres espèces animales?

C'est un peu ce qu'imaginait Jonathan Swift dans son quatrième voyage de Gulliver, Au pays des Houyhnhnm, où les chevaux sont les maîtres de la terre et se servent des Yahoos comme nous le faisons des animaux.

Plus récemment, Pierre Boule avait imaginé l'hypothèse d'une planète où régnaient les singes dont l'intelligence était comparable à celles des hommes qu'ils maintenaient prisonniers.

Il y a d'autres exemples dans l'histoire de la littérature mondiale de cette inversion des rôles mais tous se placent d'un point de vue moral dont la visée est de relativiser nos certitudes d'être au centre de l'univers, comme d'en être les créatures les plus abouties.

Il s'agit là d'une critique implicite de ce que l'on appelle la téléologie théiste qui voudrait que  l'homme soit le parachèvement de la création divine et qu'il ne puisse y en avoir d'autre, l'homme étant fait à l'image de Dieu. On retrouve l'écho de cette ancienne croyance dans les élucubrations créationnistes des conservateurs chrétiens contemporains aux États-Unis. 

Laissons de côté cet aspect critique des relations hommes animaux pour en revenir au cerveau des animaux. En libérant les membres supérieurs de la contrainte où sont les autres animaux de tenir la tête près du sol, la verticalité a permis aux singes puis à l'homo sapiens d'étreindre la terre ce qui a nécessité le développement de l'intelligence puis de la raison.

A la fois hasard et nécessité, c’est à leur morphologie que les hominidés doivent d’avoir pu prendre conscience d’eux-mêmes et du monde.

Les éléphants comme les baleines ou les dauphins, les oiseaux ou les reptiles n’ont pas eu besoin de développer les virtualités de leurs cerveaux : qu’en auraient-ils fait avec la morphologie qui est la leur ?

Il n’empêche, l’organe cerveau est fondamentalement le même d’une espèce animale à l’autre comme le sont le cœur, les reins etc. chez les vertébrés.

Les cerveaux des animaux, en auraient-ils eu la possibilité, seraient parvenus aux mêmes résultats que nous à partir de l'observation du cosmos. Les lois physiques -qui sont universelles- auraient été à l'origine des mathématiques qui ne sont apparues chez nous que par le hasard du développement biologique qui  nous a amenés là où nous sommes. 

Il s'en est fallu d'un gène, de quelques molécules dans l'A.D.N d'une espèce animale donnée, pour que l'homo sapiens se distingue des autres singes et développe ses virtualités dont la Raison n'était pas la finalité comme le voudrait une lecture religieuse.

L'univers parvenant à la conscience de lui-même par les éléments physico-chimiques dont il est composé, cela n'est finalement pas surprenant, l'infiniment grand se retrouvant dans l'infiniment petit dont il est issu.


lundi 14 février 2011

Never heard before



Arrêtons-nous une seconde sur cet étonnant paradoxe : personne avant nous n'a entendu ce que nous entendons ni personne d'autre jamais plus ne l'entendra.


Le chant d'un oiseau est unique, que ce soit celui du Pipiri de Martinique ou de n'importe quel autre oiseau dans le monde quels que soient l'endroit et l'époque.

Le même oiseau, énième spécimen d'une famille multimillénaire, même si son chant paraît semblable à celui des millions de congénères qui l'ont précédé est tout de même unique. Ses trilles, sa gamme, sa fréquence, son rythme, la puissance de son ramage, les conditions de son environnement à l'instant où il se fait entendre et tant d'autres paramètres, rien n'est jamais exactement identique au sens scientifique du terme.

Il en va de même de tout son produit par un animal et donc de nos voix et des sons que nous émettons. Les mots que nous prononçons ne le sont jamais de la même façon, ils se différencient toujours par certaines intonations aisément identifiables par un oscilloscope.

Jamais dans toute l'histoire de l'univers un seul son n'a été identique à un autre, que ce soit celui produit par une avalanche, un tremblement de terre, une éruption volcanique, un incendie dans une forêt, l'affaissement des vagues sur les rochers et les rives des continents ou encore le bruissement du ruisseau ou le sifflement du vent dans les arbres.

Mais ce ne sont pas seulement les sons qui émanent de la nature qui tous sont différents les uns des autres quelle que soit leur apparente similarité ou proximité, ce sont également nos perceptions qui diffèrent en permanence du fait de nos outils perceptifs, que ce soit l'ouïe mais aussi la vue, le toucher etc.

D'un individu à l'autre les perceptions sont différentes comme elles le sont chez chacun d'entre nous d'un moment à l'autre. Notre vie est faite de perceptions uniques et singulières qui n'appartiennent qu'à nous dans un monde en permanente évolution.

Certes, il y a une apparente cohérence entre les objets de nos représentations et les représentations que nous nous en faisons par le biais de nos perceptions. Il n'empêche, au-delà de nos malheureuses capacités sensitives, aucune manifestation de la nature n'est jamais identique à elle-même ni ne l'a jamais été.

L'observation de la multiplicité des phénomènes et la façon dont nous les percevons et les transformons pour établir notre relation avec le monde ne manque pas de poser la question de la réalité elle-même qui, à coup sûr, n'a rien d'intangible, de fixe ni d'éternel. Tout est devenir, flux, renouvellement, tel est le sens de la célèbre citation d'Héraclite
On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve
Quelle est donc cette réalité aussi fugitive qu'insaisissable que nous le sommes puisque nous en sommes les miroirs? Que pouvons-nous donc en affirmer quand en permanence tout ce qui nous est accessible l'est de manière fugace et ô combien partielle?

Nothing is real and nothing to get hung about.

On retrouve cette interrogation aussi bien chez les présocratiques que chez les Bouddhistes, en particulier dans les concepts de coproduction conditionnée et d'impermanence.
  

Illustration : Tyran gris
(Photo de Claude Ruchet)

samedi 12 février 2011

Gorgonzola ou mozzarella?

Pour les États-Unis je ne sais pas mais en France il n'est pas de jour que ne soit publié un sondage politique. Les media en sont les commanditaires à moins que ce ne soit l'Élysée ou tel et tel parti politique voire groupe de pression souhaitant la discrétion (Medef et consorts). 

Il y a les sondages dont les résultats sont destinés à être rendus public, ceux qui doivent rester confidentiels, les uns comme les autres n'étant ni plus ni moins que de la pure et simple instrumentalisation de diverses méthodes statistiques combinées aux fins de manipulation des électeurs.

Fin janvier, un sondage (Opinion way je crois) apprenait aux Français (stupéfaits) que 70% d'entre eux avaient une opinion favorable de Carla Bruni! Pas moins de 40 millions de Français donc auraient une opinion sur l'épouse du chef de l'État! Et positive en plus! Ça tombe bien pour la campagne présidentielle de l'an prochain. Ça peut servir...

Autre sondage il y a quelques jours, 32 % des Français préfèreraient une candidature Nicolas Hulot plutôt qu'Éva Joly, -18%- (à moins que ce ne soit l'inverse) pour être candidat d'Europe écologie en 2012.

Donc 10 millions d'électeurs Français pour Hulot vs 5 millions pour Joly. L'enjeu est affaire d'État et mobilise  la moitié du corps électoral. C'est du lourd...

Il ne s’agit évidemment pas d’obtenir des chiffres pour la satisfaction de contempler un tableau de bord bien tenu mais bien en vue de les utiliser pour manœuvrer politiquement, justifier une décision, tester la possibilité d'un coup politique, déstabiliser les positions de l’adversaire etc. 

Comme toute question, même la plus idiote, appelle spontanément une réponse nous avons donc le privilège d’être partie prenante d’une pièce de Ionesco ou l’absurde le dispute à l’imbécillité.

Si on demandait aux Américains leur opinion sur le gorgonzola et la mozzarella on obtiendrait nécessairement une réponse genre 43% d'entre eux préfèrent la mozzarella contre 35% se prononçant en faveur du Gorgonzola.

Je suis fier d'annoncer sur ce blog que 130 millions d'Américains apprécient la mozzarella contre 106 millions qui préfèrent le gorgonzola!

(Pour le Québec je ne sais pas...)

jeudi 10 février 2011

Démocratique on vous dit!




Connaissez-vous la démocratie formelle qui consiste à ne plus rien dire ni revendiquer et se satisfaire de quoi que puisse décider le chef au prétexte qu’une majorité (ça n’est jamais que 50,1%) l'a élu. Vous avez voté? Vous n’êtes pas content? Et bien tant pis, maintenant vous la bouclez pendant 5 ans.



Supposons qu’aux EU en 1860, il y ait eu le choix entre 2 candidats, l’un pour l’abolition de l’esclavage, l’autre contre. Le partisan de l’esclavagisme l’emporte, il aurait donc été tout à fait démocratique et respectueux du droit des gens (particulièrement des noirs) de se soumettre et de continuer à accepter (de bon cœur tant qu’on y est) leur statut d’esclaves. 

Il aurait été démocratiquement demandé aux Allemands ou aux Polonais dans les années 30 s'ils souhaitaient l'expulsion de tous les Juifs d'Allemagne et de Pologne avec confiscation de leurs biens : Résultat garanti avec le sceau démocratique comme justification morale/légale.

Un référendum en Israël : Doit-on liquider tous ceux des Palestiniens qui puissent représenter une menace pour l'État d'Israël? Surprise, la réponse est oui. L'aval démocratique est mis en avant et carte blanche pour une politique terroriste d'extermination des faibles par les forts. 

Dans un contexte plus contemporain et français : Un candidat se prononce pour le relèvement des heures de travail à 50/semaine sur 6 jours, la retraite à 70 ans, une réduction drastique de la couverture sociale, le gel des pensions de retraites pendant 10 ans (moins de cotisations ce sera plus de pouvoir d’achat sera le message dudit candidat) etc. Il est élu par 50,5% des voix (pas impensable, le 3ème âge n’est pas exactement révolutionnaire et considérera que les générations qui les ont suivies ont bénéficié de “privilèges” qui étaient inaccessibles à leur époque, il est temps de mettre un terme à la jouissance). 

Alors pas de discussions ni de contestations dans la rue (ce serait “complètement anti-démocratique”) : Les classes sociales contre lesquelles de telles dispositions seraient appliquées (au bénéfice des autres) n’ont qu’à gentiment accepter le verdict des urnes (comme on dit) et se soumettre, de bon cœur encore une fois, au choix de la majorité qui, elle, ne connaîtrait aucune altération de son mode de vie, bien au contraire. 

Sarkozy, mais lui il est vraiment hors normes, n'a pas été élu, il l'avait dit lui-même, pour revenir sur l'acquis social que représentait la retraite à 60 ans ni pour faire réintégrer la France au commandement unifié de l'OTAN. Il a été démocratiquement élu, qu'importe ce qu'il fasse à présent, il agit dans un cadre démocratique. Toute opposition ou contestation ne saurait être qu'anti démocratique.

Il a été élu par une majorité, maintenant il a carte blanche. Pas d’accord les autres? Eh bien tant pis, c’est la démocratie.

C’est ça la démocratie formelle que représente le suffrage universel et c'est au fond potentiellement très dangereux. Une fois élu par toutes sortes de mensonges et de promesses intenables on est libre de faire ce que l’on veut au profit de ses mandants.

Les allégories du XIX siècle représentaient le suffrage universel comme une garantie de droiture, de sagesse et de vertu. On peut penser qu'en réalité le suffrage universel a été mis en place par la bourgeoisie pour canaliser les ardeurs révolutionnaires du prolétariat en lui faisant valoir que c'est lui à présent par son vote qui détenait le pouvoir. C'est bien le sens de l'affiche en tête de billet; il suffit de lire la légende pour le comprendre.
"Le suffrage universel ne me fait pas peur, les gens voteront comme on leur dira"
(Alexis de Tocqueville)

En fait le prolétariat vote toujours contre son intérêt parce que les masses sont incultes, imbéciles et manipulables à souhait. Derrière le paravent du suffrage universel ce sont les puissances d'argent qui tiennent et se maintiennent au pouvoir.

La démocratie élective est le moins pire des systèmes se dit-on mais ça n'en est pas moins une tromperie quant au pouvoir qui émanerait du peuple.


mercredi 9 février 2011

Revolution? Which revolution?



“I keep my mind still open to instruction, if any one will vouchsafe to bestow it on me.”

This quote by David Hume comes to mind each time I think of the word “Revolution” as used by American scholars when they discuss the American War of Independence. I simply fail to understand in which way this historical event would qualify as revolutionary.


Of course one should start by asking what a revolution is. Bringing such modifications to the course of History that the world no longer is what it used to be? 

The archetypal examples of revolutions have been the French Revolution of 1789 (the “Great Revolution” as the Soviets used to call it) followed by the Russian Revolution of 1917. 

The consequences of the French Revolution weren’t limited to France but extended to the entire world and are continuing in the present times. It was the end of the monarchy through a complete upheaval of the political, economical, sociological, religious and legal structures of the Nation. “Down with the aristocrats!” was the motto. Most importantly, the ideas that the French Revolution were based upon spilled all over Europe through the Napoleonic Wars. And the very concept of democracy as we understand it now was born during the revolutionary years of France. Peoples all over the world, be it in Asia, in Muslim countries, in Africa, etc., refer to 1789 when they press for democracy.

Now, wasn’t the American War of Independence more a war of secession from the motherland than anything else? Not even a war of independence as we would understand it today since the colonists weren’t trying to get rid of any invaders/occupiers coming from elsewhere like the Algerians or the Vietnamese did during their wars of liberation against the French.

What was the Boston tea party but an urban revolt based upon general dissatisfaction in the face of fiscal pressure? It eventually snowballed into what we know but basically the rationale was just to get rid of the fiscal abuse by the English aristocracy which was ruling from beyond the Ocean. When the American Republic came into being, it didn’t shatter the political, economical, sociological and, overall, religious structures of the Nation. Quite the opposite. 

There was no aristocracy to be freed from, the power of the Church was fundamental and remained unchallenged, exploitation of man by man (in Marxist terms) wasn’t exactly questioned (see slavery until 1863) and the notion of a Parliament was transferred from Britain where it had already been active for centuries. It looks like the same can be said from the habeas corpus concept and the system of common law which were imported from the motherland and mostly kept unchanged.

Where’s the revolution?

As to why the word “revolution” has been abused in this way (as I see it), may I suggest that this word brings with it a romantic notion of birth from nothingness that gives some legitimacy and grandeur to any historical event of some importance. The old tabula rasa syndrome so to speak. Not to belittle the importance of the War of Independence for Americans of course, but a revolution?

“I keep my mind still open to instruction, if any one will vouchsafe to bestow it on me.”


Note: the painting is “Le château des Pyrénées” by René Magritte (1959).


lundi 7 février 2011

Universalité


Quand les Soviétiques en 1988 ont envoyé leur navette spatiale, Buran, en orbite, certains media américains ont suggéré que les Soviétiques avaient copié les navettes de la N.A.S.A tellement la ressemblance était frappante entre les deux véhicules spatiaux.

Ce à quoi un représentant de l'industrie astronautique soviétique répondit avec humour : "Peut-être avons-nous de bonnes photocopieuses ou peut-être les lois de l'astrophysique sont-elles les mêmes pour tous."

De fait, ce ne sont pas seulement les lois de l'astrophysique qui s'imposent à tout le monde mais les lois physiques qui ordonnent l'univers et ces lois physiques ne nous sont accessibles que par le biais des mathématiques.

L'histoire des mathématiques en Égypte, en Chine, en Inde, chez les Arabes comme chez les Grecs et les civilisations précolombiennes, montre l'universalité de cette extraordinaire émanation de nos capacités cognitives.

Tôt ou tard devait apparaître et se développer la science mathématique car, tous, nous sommes soumis aux mêmes conditions face au cosmos, avec le même organe, notre cerveau tel qu'il est conçu pour le percevoir et en rendre compte.

Que l'on parte des neuf chapitres sur l'art mathématique des Chinois, de la numération décimale de position des Indiens, de l'algèbre propre aux Arabes et de toutes les autres découvertes engendrées par les hommes au cours des siècles,  l'antériorité des uns par rapport aux autres ne change rien au fait qu'in fine les résultats devaient nécessairement survenir avec les mêmes attributs : ils sont universels.

L'universalité des mathématiques n'est autre que l'unicité de l'homme, fugace miroir de l'univers que lui seul peut appréhender par son universelle raison, capable de construire Enterprise ou bien Buran.

Les lois de l'univers sont les mêmes pour tous, no matter what.

samedi 5 février 2011

Mille et une nuits, sexisme et oppression


Il y a une bonne douzaine d'années j'avais commencé à lire Les Mille et une nuits dont j'avais entendu parler depuis l'âge de 10 ans peut-être comme faisant partie des chefs-d'œuvre de la littérature mondiale.

Au bout d'une centaine de pages j'ai laissé tomber pour une toute simple raison : je m'ennuyais.

Quoiqu'il en soit, l'argument premier de l'œuvre ne manque pas de mettre mal à l'aise le lecteur occidental contemporain. Ne s'agit-il pas de l'histoire d'un sultan (Schahriar) qui fait assassiner son épouse infidèle ainsi que toutes les femmes qu'il aura épousées la veille afin d'éviter d'être à nouveau trompé?

C'est donc aussi le sort réservé à Shéhérazade qui sauve sa vie par le moyen que l'on sait : raconter des histoires, divertir son prince, être à son service, à la disposition de son bon vouloir et de ses humeurs.

Est-il démonstration plus aveuglante de l'oppression de  la moitié de l'humanité par l'autre moitié dans une civilisation qui considère comme allant de soi que le mâle ait droit de vie ou de mort sur la femelle/objet dont la raison d'être est de perpétuer le sang de son maître et de satisfaire ses caprices ?

Les crimes "d'honneur" qui ont lieu dans le monde musulman et qui sont commis en France ou en Allemagne  par des immigrés turcs ou pakistanais ne sont-ils pas comme un reflet et une perpétuation d'une tradition multi séculaire qui paraît être comme une composante structurelle des cultures de l'Islam?

Après les attentats du 11 septembre, l'épouse de Lionel Jospin avait participé à une lecture en public d'extraits des Mille et une nuits pour assurer de sa solidarité les Musulmans qui ne devaient pas être confondus avec les terroristes du W.T.C.

Son initiative m'avait laissé un peu sceptique car finalement Sylviane Agacinski -dont les prises de position sont aux antipodes de ce qui constitue le cadre des relations entre les deux sexes dans le monde arabo-musulman- ne cautionnait-elle pas précisément le fondement même de l'asservissement de la femme dans la culture qui est probablement la plus répressive et obscurantiste du point de vue de la situation des femmes dans la Cité? 

Les Mille et une nuits, chef-d'œuvre de la littérature mondiale? Hmmmm...


jeudi 3 février 2011

Édouard Glissant


Édouard Glissant vient de décéder ce matin à Paris.

Peut-être avais-je rencontré son nom à l'occasion mais honnêtement j'ignorais tout de ce monsieur.

L'article du Figaro indique qu'il a eu maille à partir avec le pouvoir gaulliste pour activisme politique au début des années 60. Ce devait être un ultra gauchiste avant l'heure... Quant à l'article du  Monde, il insiste davantage sur le parcours et l'œuvre de Glissant.

L'article de Wiki semble assez complet et cite également Ernest Pépin et Raphaël Confiant.

Patrick Chamoiseau, "je connaissais", Frantz Fanon je l'ai lu mais à découvrir tous ces noms d'artistes ( Jenny Alpha récemment) et d'intellectuels antillais je me demande combien il sont en pourcentage de la population  locale parce que là c'est impressionnant tout de même.

Bon Ars longa, vita brevis, je lirai sans doute peu de toutes ces œuvres mais au moins je sais qu'elles existent.
 

mardi 1 février 2011

Étincelle


Au regard de l'histoire de la Terre, l'apparition de la vie est très récente. L'émergence des hominidés, (Toumaï) il y a quelques millions d'années, l'homo sapiens il y a 200.000 années et il n'y a guère que quelques dizaines de milliers d'années que ce dernier a développé une conscience de soi.


C'est cette conscience de soi qui a donné à l'espèce humaine la capacité de s'interroger sur elle-même et son environnement et de prendre conscience de l'Univers dont les phénomènes nous sont perceptibles uniquement grâce aux deux formes a priori de notre sensibilité : le temps et l'espace. C'est enfin le principe de causalité qui nous permet d'enchaîner la succession des manifestations du réel et d'en rendre compte de façon intelligible.

Ce petit rappel pour bien rapporter à l'échelle du temps combien est récente, cela équivaut à quelques secondes à peine sans doute, la connaissance de l'Univers qui n'a été possible que grâce à l'intelligence spécifique à l'espèce humaine et particulièrement à ses capacités cognitives.

Cependant notre espèce est mortelle et disparaîtra à coup sûr d'ici... Question d'eschatologie qui est posée et à laquelle nous ne pouvons répondre.

Il est sûr pourtant que nous disparaîtrons, par extinction naturelle, cataclysme planétaire ou de quelque autre façon que ce sera. Et tout le savoir que nous aurons mis des milliers d'années à accumuler disparaîtra avec nous quand bien même resteront derrière nous des archives, le savoir de l'humanité, sous quelque forme que ce soit.

Notre raison et la connaissance de l'Univers à laquelle elle aura permis d'accéder n'auront donc existé que quelques milliers d'années, ce qui est insignifiant au regard de l'âge que nous savons être de 14,7 milliards d'années de l'Univers.

Cette fugace apparition du Tout dans une conscience-miroir unique peut se comparer à une image réplique du Big Bang originel (si tant est qu'il n'y en ait eu qu'un) à une échelle microscopique dans le temps et l'espace, comme une étincelle que nous seuls avons perçue.
Pour ceux chez qui la Volonté s'est convertie et niée, c'est notre monde si réel avec tous ses soleils et  avec toutes ses voies lactées qui est - néant.